Faisons les choses bien et dans l’ordre : à la votre !

Publié le par Laure

 Je vous replante le décor... Un dimanche au précoce soleil d’été, une douce brise rafraîchissant, une petite bière bien fraîche pour ouvrir l’appétit, un pique-nique improvisé dans notre petit jardin derrière la cabaña, pas de bruit de voiture, juste les gazouillis des oiseaux qui essaient tant bien que mal d’accompagner le peuple de l’herbe de Simon, une sieste digestive allongée dans l’herbe... Rien de tel que ces simples petits plaisirs au grand air et au milieu de la nature pour apaiser et stimuler l’inspiration des grands chefs !

Mais avant de vous présenter les plats et produits chiliens, je dois vous expliquer quand manger quoi, de peur de vous voir faire n’importe comment.

 

Les chiliens entament leur journée par le desayuno : petit dej pas vraiment à la française. L’influence est la plupart du temps britannique ou hollandaise, et le desayuno est souvent salé avec des petits pains fourrés au fromage fondu, ou des oeufs. Pas de croissants sauf s’ils sont garnis d’une tranche de jambon et de mayonnaise ! Même pour les boissons il faut s’adapter : le lait est presque toujours entier, jamais de café ou d’expresso mais du nescafé et en liqueur vue la quantité de sucre qu’ils ajoutent, et puis en plus du thé on trouve le maté, très répandu en Argentine.

Le repas suivant est l’almuerzo, équivalent de notre repas de midi, sauf qu’il n’a pas d’heure et se sert aussi bien à 11h qu’à 14 ou 15. C’est le repas le plus important de la journée : alors entrada, plato de fondo avec carne o pescado (viande ou poisson) y agregados (accompagnement, comprendre donc féculents), ensalada, y postre (dessert). Pas de simple fruit ni de yaourt, mais toujours quelque chose de préparé : flan, glace, compote avec crème fraîche épaisse (sinon ç risquerait d’être trop léger). Pas d’eau non plus. Tous des accros des bebidas, imitation des sodas mais en encore plus chimique quand c’est possible. Et chacun son litron par repas ! Au mieux, un jugo (jus de fruit), enfin sorte de soda non gazeux au goût approximatif d’on ne sait pas toujours bien quel fruit et à la couleur parfois surréaliste. Le suspens de la saveur a au moins le mérite d’animer nos almuerzos de la semaine, servis par le casino. Ne vous emballez pas, ce n’est rien de plus que la cantine de la CONAF qui, pour finir le désenchantement se niche dans une petite salle sombre, au rez-de-chaussée d’une petite bicoque. L’important c’est qu’on mange bien : la quantité et surtout le pouvoir bourratif et énergétique sont garantis. Et puis on se sert de petits pains à volonté. Pas trop sûrs que se soit permis mais, ce qui nous arrange bien, la barrière de la langue rend les serveuses muettes. A moins qu’elles ne pensent qu’en bons Français on ne peut s’en passer ? Dose minimale syndicale ? Devoir de mémoire patriotique ? En tout cas, ça vaut pas le pain de chez nous mais trempé dans la soupe c’est pas mal et puis ça me cale mon petit ogre à 4h !

 

On en arrive au point le plus délicat : le repas du soir. En théorie, c’est la cena mais elle disparaît ou se réduit à un grignotage léger parce qu’ici ils préfèrent tomar once. En fait, vers 19h, ils se gavent d’un énorme goûter sur des notes allemandes avec les kuchen, véritables fierté chilienne. Mon ton semble péjoratif, vous trouvez ? Je l’avoue, mais j’ai mes raisons. En braves et dévoués touristes déterminés à bien connaître sa patrie d’accueil, et pleins de dévotion pour leurs lecteurs restés au pays, nous en avons fait l’expérience hier soir même.

   Voilà ce qu’à laborieusement avalé Pierrot, le plus courageux des trois sur le coup : une part de kuchen de manzana (2cm de pâte épaisse sablée, fine couche de pommes insipides, et 2 bons cm de crème), et pour nous clouer complètement le bec et se plomber définitivement l'estomac par la même occasion il rajoute à cet exploit une part de torta de merengue y nuezes (Gros gâteau à étages : 2cm de cake aux noix, 2cm de crème, re1cm de cake, re1cm de crème, et rere2cm de cake !)
Oh, ce n’est pas qu’un once soit tellement impressionnant en quantité. Disons que les chiliens font dans l’efficacité. En tout cas un conseil, ne parlez pas de ces choses bannies de notre monde de la pâtisserie, rien que d’y repenser il tourne de l’oeil... Bref, moins bêtes qu’avant mais absolument pas convertis, on décide d’en rester à une valeur sure avec notre bons vieux repas salé.

 

Une chose par contre sur laquelle vous êtes sûrs de ne pas faire fausse route c’est en proposant l’apéro à un chilien ! A notre grand bonheur et soulagement, ni les km ni les frontières ne viennent à bout de cette si appréciable coutume.

Seulement si la pratique se retrouve, les rituels ne sont pas identique. Principe du téléphone arabe oblige : au tableau des égarés dans les méandres des échanges de verres de bienvenue s’inscrivent les vins doux et surtout l’anthologique Ricard ! Conséquence oh combien dramatique pour le sudiste du trio souffrant de crises passagères de manque de Ricard, 51, jaune, pernod, cannebière, anisette, pastis, pastaga. Bon, j'arrête de remuer le couteau dans la plaie. Heureusement le nordiste lui apporte son plus fidèle et sincère soutien, surtout au moment du remède, lorsqu'il s'agit de boire un verre (ou 2, l'happy hour ils connaissent!) au Barometro. Notre repère et point de repère : tenu par expatrié bien de chez nous qui n'a pu renoncer lui non plus à cet élixir qu'il importe tout spécialement.

 

 

Faut dire que le peu de choix et la note sucrée de l'aperitivo chilien ne fera pas forcément que des heureux. Mais les deux cocktails les plus typiques sont des petites douceurs assez charmantes qui peuvent tout à fait se servir en d'autres circonstances et qu'il est bon de garder dans un coin du fond de son chapeau.

 

Le vaina a un côté rétro amusant : cocktail laiteux de sherry (1coupe), oeuf (1blanc), sucre (1cuillère à café = 1cac), à quoi on ajoute quelques gouttes de cognac, un peu de cacao, de la glace pilée, on touille et on saupoudre de cannelle avant de servir. 

 Le plus bu de tous, célèbre à travers tout le Chili, est le Pisco Sour : mélange de sucre (selon le goût), jus de citron (3cl), blanc d'œuf (1), de glace pilée et bien sûr Pisco (7cl). C'est un alcool typique du Chili, l'eau de vie nationale obtenue par distillation d'un genre de moscatel.

Un Pisco Sour servi bien frais, avec son goût acidulé adouci par le sucre glace qui borde le verre, et sa légèreté citronnée... un vrai délice! Gardez bien précieusement cette recette le temps qu'on vous fournisse en Pisco, en échange de bouteillessss de Ricard ou de vodka rouge... Mais ne vous desséchez surtout pas d'ici à ce que le trafic soit rodé parce qu'avec la poste chilienne... En tout cas nous on ne vous attendra pas. D'ailleurs, je vous laisse à vos shakers, ma bière perd de sa fraîcheur. Alors, SALUD !

 

 

Publié dans Gastronomie

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J
Pierre, c'est vraiment très gentil de te dévouer pour tout tester. Je reconnais bien là ton esprit chevalresque!<br /> Le blanc d'oeuf est-il un incontournable des boissons chiliennes au même titre que les féculents dans leur gastronomie?
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M
Ha la vodka rouge (aux ovalies et aux inter-agro il me semble!!), mis attention a ne pas oublier le redbull de la belgique ca pète aussi.<br /> Prochainement pour le muscat
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C
décidément ma boisson favorite restera le champagne ,tant pis pour les coktails chiliens ...... et monsieur mon fils est prié de ne pas gouter a tout car sinon son estomac risque de lui montrer son mécontentement
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