La fin de ma courte mais intense carrière internationale
Sans moyen personnel de locomotion, nous sommes toujours dépendants, Simon et moi (et Laure par conséquent), de nos amis rugbymen chiliens. Normalement, il y a entraînement tout les mardi et jeudi mais depuis le début de notre séjour ici, nous n'avons pu, à contre cœur, être très assidu. La même histoire c'est encore répété cette semaine mais nous étions contents car faute de match, il y avait entraînement ce samedi.
Nous voilà donc partis avec Simon, avec l'envie d'évacuer toute la frustration accumulée durant la semaine, pour l'entraînement. Après 45 minutes et un changement de bus, nous arrivons au stade de "Los Lobos". Ils sont déjà tous sur le terrain en train de s'échauffer et l'autre équipe de Puerto Montt est également présente. Incroyable, il y a du monde à l'entraînement (en temps normal, on est entre 8 et 10) et encore plus incroyable, les chiliens sont en avance!!!!!!Après quelques blagues sur les français, on s'habille vite fait et on intègre notre équipe pour un échauffement éclair. Il joue 9 (demi de mêlée) et moi 8 (troisième ligne centre). C'est plutôt sympa car on va pouvoir réaliser quelques petites combinaisons ensemble… Le coach répète que c'est un entraînement et que l'on joue cool.
Le match commence et on sent tout de suite que ça ne va pas être tout à fait amical. Les placages sont appuyés et à retardements, les raffuts sont bien hauts, tout cela nous donne encore plus d'envies… Simon est bien en jambe et avec sa malice habituelle, vole quelques ballons dont un qui nous mène à l'essai. Le match est lancé. Sur un autre ballon volé par Simon, il ouvre, je vois un trou, je le prends avant de me faire plaquer. Je tombe en avant et là…c'est le drame. Le chilien tombe sur mon épaule et je sens un terrible craquement et une profonde douleur. Je touche mon épaule et comprend assez vite : il manque un bout! Elle est en angle droit maintenant. Un groupe se forme autour de moi, ils discutent en espagnol en pensant que je ne comprends rien et décident d'essayer de me remettre l'épaule. Ils me bloquent les jambes et les bras. L'un d'eux met son pied (avec les crampons) sur mon épaule et un autre tire mon bras. Cela ne change rien et renforce seulement la douleur. Ils me font quitter le terrain (sous les applaudissements s'il vous plait, le summum de ma carrière) et appellent un pote médecin pour qu'il nous fasse passer plus vite aux urgences. Le transport en voiture, avec les trous et bosses des routes chiliennes, est de tout repos. On arrive à l'hôpital, sans papier, sans argent, juste avec une épaule en vrac. L'ami médecin me reçoit et m'envoie à la radio. Le résultat est plutôt joli. A la sortie de la radio, j'ai une énorme faim (comme d'habitude diront les mauvaises langues). Simon, mon chevalier servant, se charge de me trouver de quoi grignoter. Il revient avec deux magnifiques kitkat au moment même où le médecin m'annonce que je ne peux pas manger. Trop injuste la vie, mon épaule je m'en fous mais mon estomac…Une infirmière vient me mettre une perfusion mais me loupe (déjà que j'ai horreur des piqûres), un autre essaie et ne comprend pas pourquoi mon avant bras se gonfle. Après 5mn d'hésitation, il me dit que ça doit être normal et que la perf est bien mise. On décide d'appeler Laure pour qu'elle vienne avec les papiers et de quoi payer. Comme prévu, elle est affolée de me savoir à l'hôpital. Ils nous expliquent qu'ils vont me monter au bloc. Je garderais au moins un bon souvenir de cette visite à l'hôpital : c'est de mettre fait déshabillé, entièrement, par Simon (ne sois pas jalouse Claire!). Il a pris le soin avant de me mettre la jolie petite blouse rose pétant qui ferait fureur dans les clubs house branchés…Me voilà reparti en fauteuil roulant dans les labyrinthes de l'hôpital. Je quitte Simon qui doit m'attendre à l'entrée du couloir "Patients critiques". Les infirmières m'obligent à m'allonger sur un lit. La douleur devient vraiment insupportable. Puis vient la séquence "Urgences", les médecins arrivent de la salle voisine en donnant des instructions "120 grammes de jenesaispasquoiine", ils me positionnent des post-it électroniques sur le corps et me mettent enfin le masque qui fait faire dodo……
Je me réveille avec le bras pris dans de l'emballage à saucisson et la tête un peu en vrac. Après une heure, je peux enfin sortir de la salle de réveil et voir mes deux acolytes. Commence alors une longue attente pour quitter l'hôpital. Le médecin avait dit en partant qu'il prenait tout en charge (super sympa) mais l'infirmier veut absolument le joindre pour en être sûr. Commence alors ma dépendance. Simon et Laure me rhabillent. On découvre qu'ils ont oublié les électrodes sur moi (cool comme souvenir) et on rentre enfin à la maison.
Il faut donc souhaiter bon courage à Simon et Laure car, vu que en temps normal c'est déjà dur de me supporter (je vous vois acquiescer devant vos écrans), alors maintenant!!!!!!!!!!!!!