Le réveil sonne : il est 4 heures. Laure me sort du lit car entre le froid qui règne à cette heure-ci dans le désert et la chaleur de mes draps, le choix est vite fait. Mais bon, à ce qu’il paraît, ça vaut le coup.
On embarque dans le petit bus direction : « les Geysers del Tatio ».Deux heures de route, en fait non, pas une route mais un chemin tracé à travers le désert sans un mètre carré de plat. Des bosses et des trous partout, rendent ce trajet particulièrement mouvementé.
Enfin, on arrive, il est 6h15. Quelques fumerolles à l’horizon. Un seul mot d’ordre pour nous : ne pas laisser un centimètre carré à l’air libre car dehors il fait -10°C et nous sommes à 4600 mètres d’altitude. Notre guide nous prépare un magnifique petit déjeuner avec café, thé et petits gâteaux à profusion. Mais pas le temps de savourer tranquillement tous ces mets, il est l’heure. Ce moment unique où l’eau bouillonnante venue des profondeurs de la Terre rencontre cet air glacé, avec la complicité des premiers rayons du soleil. Quelle magie, quelle alchimie parfaite de couleurs que nous offre les retrouvailles de tous ces éléments. On en oublie ce froid intense qui nous prend au plus profond et cette altitude qui nous retourne le ventre et nous oblige à effectuer des gestes mesurés. Cette « eau d’artifice » naturel arrive à son paroxysme quelques minutes après le lever du soleil. Ces innombrables geysers nous jouent une symphonie visuelle à travers leur diversité de forme, de hauteur, de fréquence et de couleur. Aucune fausse note. Chapeau les artistes !
Et maintenant, c’est l’heure du bain ! Quel bonheur de pouvoir se baigner dans une eau sortant à 80°C à 4600 mètres d’altitude, au milieu de la cordillère des Andes. Ma baignoire me parait bien insipide et banale maintenant.
La Terre s’est calmée. Les geysers perdent de leur intensité mais promettent de recommencer leur spectacle demain avec la même ponctualité et la même splendeur.
