Vers les entrailles de la Terre
Au Chili, tout est démesuré. Mais quand on arrive à Chuquicamata, on perd le peu de repères qui nous restent.
La mine de cuivre de « Chuqui » est la plus grande mine à ciel ouvert du monde. Quand on arrive au bord de ce trou béant (4,5km de longueur, 3,6km de largeur et 800m de profondeur !!!), son immensité nous saisit. On se sent perdu et minuscule au milieu de ce gouffre que forgent depuis 1915 ces milliers de mineurs qui travaillent et vivent à Chuqui. L’Homme réalise à pas de fourmi un travail de titans. Il suffit de voir les camions d’extraction (au nombre de 110) pour comprendre ce sentiment. Ils ont une capacité de 360 tonnes, coûtent 2,5 millions de dollars US chacun, mesurent 13m de long, 8m de large, 7,5m de haut, ont des roues de 3 ?8m de diamètre (valant 10 000 dollars US l’unité) et consomment 1,9 litre/minute !!! Ces chiffres ont de quoi faire tourner la tête et on commence à comprendre les enjeux financiers qui se cachent derrière ce site industriel.
Cette mine produit chaque année 650 000 tonnes de cuivre pur assurant ainsi 40% des exportations du pays ! Ces intérêts financiers condamnent aujourd’hui la ville de Chuqui et ses 16 000 habitants. Ces mineurs qui travaillent depuis toujours pour la mine ont au fur et à mesure de leur travail scellé leur sort. Agrandissant sans cesse ce gisement, il en résulte que les déplacements des camions et leur consommation faramineuse engendre des coûts trop importants, économiquement parlant, pour l’évacuation des déchets. Ceux-ci seront dorénavant stockés à l’emplacement même de cette ville, obligeant tous ses habitants à quitter leurs habitations et transformant peu à peu Chuqui en ville fantôme.
Les utopistes pourront se demander si un jour l’Homme saura se protéger de son propre développement et des conséquences qui y sont liées ?